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Diététique

Le PNNS 4 (2019-2023)

Le PNNS, c’est quoi ?

“Lancé en 2001, le Programme national nutrition santé (PNNS) est un plan de santé publique [établi pour 5 ans] visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition. Pour le PNNS, la nutrition s’entend comme l’équilibre entre les apports liés à l’alimentation et les dépenses occasionnées par l’activité physique.” [MangerBouger.fr]
Nous avons tous en tête les slogans, lancés par des petits aliments sur pattes à la télé, du type “mange au moins 5 fruits et légumes par jour” ou “évite de manger trop gras, trop sucré trop salé”… et bien ça c’est le PNNS ! Les affiches que l’on voit dans la salle d’attente du médecin avec des pyramides alimentaires, elles viennent là encore souvent du PNNS.
C’est un guide officiel de santé publique qui balise l’alimentation du quotidien sur un arrière plan d’objectifs nutritionnels fixés par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP).

Le PNNS 4

L’objectif principal du PNNS 4 est : “améliorer l’état de santé de l’ensemble de la population, en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs, la nutrition.” Il s’appui sur les “objectifs qualitatifs” du HCSP :

  • diminuer la prévalence du surpoids, de l’obésité et de la dénutrition
  • augmenter l’activité physique et diminuer la sédentarité
  • augmenter, diminuer ou améliorer le profil de consommation de certains types d’aliments
  • réduire la consommation des produits ultra-transformés
  • augmenter la consommation de produits BIO
  • promouvoir l’allaitement maternel, dans le respect de la décision de la femme

Il se décline ensuite sous 5 axes principaux :

Axe 1 améliorer pour tous l’environnement alimentaire et physique pour le rendre plus favorable à la santé
Axe 2 encourager les comportements favorables à la santé
Axe 3 mieux prendre en charge les personnes en surpoids, dénutries ou atteintes de maladies chroniques
Axe 4 impulser une dynamique territoriale
Axe 5 développer la recherche, l’expertise et la surveillance en appui de la politique nutritionnelle

Concrètement ça parle de beaucoup de choses :

  • les consommateurs : repères de consommation, comportements sédentaires, applications numériques, information, précarité alimentaire, supplémentation en acide folique chez les femmes en désir de grossesse, éducation à l’alimentation et à l’activité physique et sportive, éducation nutritionnelle, obésité, dénutrition, …
  • l’industrie agro-alimentaire : amélioration des pratiques, aliments transformés et ultra transformés, qualité nutritionnelle, publicité, échantillons gratuits, Nutri-Score, fiscalité sur les boissons sucrées, …
  • la santé publique : interventions locales, diffusion des nouvelles recommandations du PNNS, procédure d’attribution du logo PNNS, formation de formateurs PNNS, messages sanitaires, Observatoire de l’alimentation (Oqali), promotion de l’allaitement maternel, réflexion sur la formation des diététiciens, variété des images corporelles dans les médias, risques liés aux régimes et à la consommation de produits ou dispositifs amaigrissants en dehors d’un cadre médical, actions de prévention en nutrition, coopération public-privé, recherche, études de surveillance, agences d’expertises, …
  • la restauration collective : recommandations nutritionnelles, Nutri-Score, substitution du plastique, …

Un (tout) petit mot sur la profession de diététicien·ne

Dans l’objectif 13 – “Mieux former les professionnels oeuvrant dans le champ de la nutrition pour renforcer leur compétences en prévention dans ce domaine”, il y a quelques lignes sur la profession. L’action 30 annonce une réflexion sur la formation des diététiciens dit “acteur clé dans ce domaine”, un bon début, mais toujours rien de concret…

Les recommandations du PNNS 4

Recommandations PNNS 4
Catégorie Recommandations PNNS 4
Fruits et légumes 5/jour min.
Légumineuses 2/semaine min.
Féculents 1 complet/jour min.
Oléagineux 1 petite poignée/jour
Matières grasses ajoutées privilégier les huiles de colza, noix et olive
Produits laitiers 2/jour
Poisson 2/semaine dont 1 gras
Viande privilégier la volaille
500 g de viande rouge/semaine max.
Charcuterie 150 g/semaine max.
Alcool, produits sucrés, gras, salés à limiter
Fait maison, bio et saisonnalité à privilégier
Nutriscore réduire les produits classés D et E
Activité physique 30 mn/jour d’activité physique dynamique
Sédentarité ne pas rester assis trop longtemps
marcher un peu toutes les 2h

Mon avis sur le PNNS 4

Globalement, le PNNS est un bon guide qui a le mérite d’exister. Côté professionnels il me semble que le PNNS 4 est trop dans le survole sur certains points ; côté particuliers il pose un cadre et met la lumière sur certains points mais noie peut-être dans des termes et notions pas forcément accessibles à tous.

Pour ce qui est des recommandations sur l’alimentation, l’activité physique et la sédentarité :

Catégorie Mon avis
Fruits et légumes privilégier le frais
éviter de les oublier dans le frigo (ils perdront une partie de leurs bienfaits)
si c’est de saison, local et bio, c’est encore mieux
petit bémol sur les conserves : les conserves maison en bocaux en verre si l’hygiène à été rigoureuse, oui si cela peut pousser à en consommer ; les conserves industrielles moins ; elles renferment souvent du sel ajouté
les surgelés restent selon moi le bon compromis sur le plan nutritionnel et économique (+ le gain de temps), mais les choisir bruts, au naturel
Légumineuses oui, oui, oui ! on nous dit que les sources de protéines sont chères, que les gens ne peuvent pas se permettre de manger de la viande à chaque repas : misez sur les légumineuses !
elles sont riches en protéines, fibres et micronutriments
elles se conservent longtemps lorsqu’elles sont sèches et ne coûtent pas très cher
Féculents les féculents semi-complets et complets sont en effet plus riches en fibres et micronutriments que les autres
ils auront plus de bénéfices sur l’organisme, amélioreront la satiété et ralentiront la montée de la glycémie
Oléagineux bien ! si ça peut permettre de dédiaboliser un peu les matières grasses qui sont pourtant essentielles pour l’organisme…
les choisir de préférence bio, au naturel (sans sel ni sucre ajouté), et varier les plaisir (noix, noisettes, amandes, noix de macadamia,…
Matières grasses ajoutées miser plutôt sur le qualitatif avec des huiles bio et première pression à froid, tant qu’à faire
la aussi alterner et ne pas se contenter d’une variété
les utiliser avec parcimonie mais ne pas les supprimer de son alimentation
Produits laitiers les études incriminant les produits laitiers dans certains cancers s’accumulent et préconisent de les limiter
sauf que cela va à l’encontre des recommandations d’apports nutritionnels (chiffrés) de calcium qui ont augmenté, quand on nous demande de réduire leurs sources majeures (les produits laitiers), même si on en trouve évidement dans les sources végétales
peut-être aurait-il mieux valu mettre l’accent sur la qualité des produits laitiers, à savoir : ne pas confondre un produit laitier nature et un dessert lacté, qui n’ont pas du tout les mêmes apports en sucres et graisses…
Poisson c’est une bonne alternative à la viande
les poissons gras ont globalement un bon profil en graisses
là encore, quand c’est possible respecter la saisonnalité et privilégier le frais
Viande on reconnait à la viande (rouge) est place importante dans la survenue de maladies cardio-vasculaires, cancers ; sans parler de l’aspect écologique,…
là encore miser plus sur la qualité que la quantité : privilégier de petites portions de viande fraîche de qualité
acheter sa viande (quand c’est possible) : au coup par coup, avec un label de qualité, locale,…
Charcuterie, alcool, produits sucrés,
gras, salés
à limiter le plus possible, car ils n’ont pas d’intérêt particulier pour l’organisme
si leur consommation est source de plaisir (sauf recommandation médicale individuelle) : ne pas les supprimer totalement
à prendre ponctuellement, en petites quantité, mais en les choisissant avec soin et en savourant chaque bouchée/gorgée
Fait maison, bio
et saisonnalité
on encourage enfin officiellement le fait maison, le bio, la saisonnalité
ce n’est plus l’apanage de discours individuels taxés de bobos/écolos, et c’est tant mieux ; il était temps !
Nutriscore je suis mitigée sur cette recommandation
sur le principe oui, mais attention à ne pas stigmatiser certains aliments et ne pas dériver vers de l’orthorexie (dont la prévalence augmente) et à conserver le plaisir de manger
Activité physique c’est une bonne chose d’encourager à bouger plus, encore faut-il que le terme “activité physique dynamique” soit bien compris
Sédentarité il est vrai qu’il n’est pas bon de rester assis trop longtemps et qu’il faut limiter au maximum la sédentarité, néanmoins cela me semble un peu culpabilisant en fonction du quotidien professionnel de chacun de recommander de marcher un peu toutes les 2h (même si c’est certain que ce serait souhaitable)

Pour aller plus loin